Causes lymphocytes élevés et conseils d’un biologiste médical

Les lymphocytes sont des cellules sanguines périphériques mononucléées de trois types majoritaires
tous impliqués dans l’immunité. Les lymphocytes B servent à produire les immunoglobulines servant
à la réaction immunitaire humorale. Les lymphocytes T sont responsables de l’immunité cellulaire et
les lymphocytes NK sont dits lymphocytes natural killer ou cellules anticancéreuses.

Le laboratoire mesure le taux de lymphocytes sanguins en se basant sur la morphologie cellulaire,
c’est-à-dire la taille de la cellule et la complexité du noyau. Il ne fait donc pas la différence entre les
lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK. Le taux mesuré est l’addition de l’ensemble
des lymphocytes. Lorsque le taux de lymphocytes est anormalement élevé, un frottis sanguin est
réalisé afin de visualiser au microscope les cellules et de les décrire le cas échéant pour savoir si la
population est monomorphe ou polymorphe et savoir si les lymphocytes présentent des atypies
cellulaires.

La valeur normale du taux de lymphocytes est habituellement 1 à 4 G/L pouvant connaître des
petites variations selon l’âge. On parle de lymphopénie en dessous de 1 G/L et d’hyperlymphocytose
au-dessus de 4 G/L. Si elle n’est pas persistante, l’hyperlymphocytose est dite aiguë. Si elle dure plus
de 3 mois, l’hyperlymphocytose est dite chronique.

Lymphocytes élevés

Les causes d’hyperlymphocytose réactionnelle ou hyperlymphocytose avec lymphocytes ayant une morphologie normale

L’hyperlymphocytose est dite réactionnelle si elle accompagne une pathologie aiguë et qu’elle se
normalise au bout de quelques semaines.

La morphologie normale est définie par le laboratoire, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun commentaire
accompagnant l’augmentation des lymphocytes.

  1. Chez l’enfant, la coqueluche est la principale cause d’hyperlymphocytose réactionnelle, avec une hyperlymphocytose mesurée pouvant aller de 15 à 30 G/L.
  2. D’autres causes plus rares comme la maladie de Carl Smith, les adénoviroses, la maladie sérique, la syphilis, la tuberculose ou encore la brucellose peuvent donner chez l’enfant des hyperlymphocytoses à morphologie normale.
  3. Chez l’adulte, les causes sont identiques à l’exception de la maladie de Carl Smith qui n’existe pas et également une cause supplémentaire qui peut être la thyrotoxicose.

En cas d’élévation des lymphocytes sans anomalies morphologiques, vous devez en parler à votre
médecin pour contrôler à minima la bonne normalisation au bout de quelques semaines. Sinon, cela
devient une lymphocytose chronique.

Les causes d’hyperlymphocytose réactionnelle ou hyperlymphocytose avec lymphocytes ayant une morphologie atypique : les syndromes mononucléosiques

Les syndromes mononucléosiques sont l’ensemble des infections ayant en commun, dans le sang
périphérique, la présence de grandes cellules lymphoïdes hyperbasophiles ou cellules de Pfeiffer.

Ces cellules sont des cellules immunitaires activées présentant un grand polymorphisme cellulaire.

Elles sont aisément repérées par les techniciens de notre laboratoire qui l’indiquent sur le compte-
rendu en mettant des commentaires de type lymphocytes activés, lymphocytes stimulés ou grands
lymphocytes hyperbasophiles ou encore hyperlymphocytose évoquant un syndrome
mononucléosique.

Les principales causes de syndrome mononucléosique sont :

  1. L’infection à EBV ou mononucléose infectieuse ou MNI. C’est une infection banale, plus de 95% des adultes présentent des anticorps montrant un contact habituellement lors de l’enfance ou de l’adolescence. Une sérologie EBV est indiquée.
  2. L’infection à cytomégalovirus ou CMV. C’est également une cause fréquente de syndrome nucléosique qui peut être grave chez la femme enceinte en raison du risque de transmission au fœtus.
  3. La toxoplasmose, qui donne parfois des syndromes mononucléosiques mais de manière plus rare, est également une infection redoutée chez la femme enceinte.
  4. La primo-infection à VIH.
  5. D’autres causes plus rares comme des virus type rougeole, oreillons, rubéole, varicelle, zona, hépatite A, infection A, fièvre à Hantivirus, la brucellose, la syphilis, la rickettsiose…, sont autant d’infections qui peuvent provoquer de rares syndromes mononucléosiques.

En cas d’hyperlymphocytose avec commentaire évoquant un syndrome nucléosique sur le compte-
rendu, votre médecin doit être revu. Il prescrira habituellement des sérologies EBV, CMV,
toxoplasmose et/ou HIV selon le contexte et explorera éventuellement le bon fonctionnement du
foie par un bilan hépatique car ces viroses provoquent généralement des hépatites virales associées.

Il faudra également contrôler à distance la bonne normalisation du bilan hématologique.

Les hyperlymphocytoses malignes (présentant ou non des atypies cellulaires) appelées lymphocytoses chroniques.

Ces lymphocytoses sont la résultante de la persistance de cellules lymphocytaires anormales dans le
sang périphérique pouvant provenir de ganglions anormaux, de localisations tumorales ou encore de
la moelle osseuse. Toutes ces lymphocytoses peuvent représenter des pathologies cancéreuses
hématologiques plus ou moins graves et il sera nécessaire de réaliser des examens complémentaires
pour comprendre l’origine de cette anomalie sanguine périphérique.

Attention, il existe une cause rare d’hyperlymphocytose chronique bénigne, en particulier chez la
femme, c’est la lymphocytose chronique du fumeur avec la présence de lymphocytes binucléés,
caractéristiques de la femme tabagique. Cette entité rare est appelée lymphocytose polyclonale à
lymphocytes binucléés.

Les différentes causes des lymphocytoses chronique :

  1. La plus fréquente est la leucémie lymphoïde chronique, avec présence d’une hyperlymphocytose monomorphe et chronique, donnant parfois lieu à des commentaires sur le compte-rendu type présence d’ombres nucléaires ou présence d’ombres de Gumprecht.
  2. L’autre principale catégorie de lymphocytos chronique est l’expression d’une phase circulante d’un lymphome non-hodgkinien. Les pathologies sont multiples, comme le lymphome de la zone marginale, le lymphome du manteau, le lymphome folliculaire, le lymphome diffus à grande cellule. Il peut également y avoir une pathologie d’une phase circulante d’une tumeur cutanée qui est le mycosis fungoïde ou syndrome de Sézary.

Le point commun à toutes ces affections est la présence d’une hyperlymphocytose supérieure à 4
G/L chronique, c’est-à-dire qui dure plus de trois mois. Dans ce cas, vous devez en parler avec votre
médecin, car des explorations complémentaires doivent être réalisées, comme par exemple un
immunophénotypage lymphocytaire qui permet de déterminer la nature des cellules circulantes.
D’autre part, un avis hématologique est fortement recommandé dans ces circonstances.

Conclusion

Les hyperlymphocytoses sont des pathologies complexes d’origines multiples qui ne doivent pas être
négligées. En cas de doute, il est absolument nécessaire d’en parler à votre médecin en cas de
découverte d’une augmentation des lymphocytes non expliquée chez vous ou votre enfant.

Vous pouvez demander conseil à nos biologistes en cas d’anomalies retrouvées sur votre numération formule sanguine (NFS) et en particulier en cas d’élévation de vos lymphocytes.

Questions fréquentes

Les causes d’un taux élevé de lymphocytes (lymphocytose) peuvent être une infection virale, une maladie auto-immune, certains cancers comme les leucémies et les lymphomes, ou plus rarement une réaction à certains médicaments.

Les maladies qui peuvent faire augmenter les lymphocytes sont principalement les infections virales (mononucléose, hépatites, rubéole…), les leucémies, les lymphomes et certaines maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde.

Un taux de lymphocytes supérieur à 4000/mm3 de façon persistante est considéré comme inquiétant et nécessite des investigations complémentaires. La normale se situe entre 1000 et 4000/mm3.

Il n’y a pas de taux de lymphocytes spécifique permettant de diagnostiquer un cancer. Une lymphocytose importante et persistante peut être un signe d’appel mais doit être interprétée avec d’autres examens (myélogramme, biopsie).

Certains médicaments comme la phénytoïne (antiépileptique), les corticoïdes ou des facteurs de croissance peuvent entraîner une augmentation modérée et transitoire des lymphocytes.

Les premiers signes d’une leucémie peuvent être une fatigue importante, des ecchymoses ou saignements inexpliqués, de la fièvre, des sueurs nocturnes, une perte de poids et un gonflement des ganglions. Une prise de sang montre souvent une formule sanguine perturbée.

Le taux de lymphocytes dans une prise de sang reflète la quantité de ce type de globules blancs dans le sang. Un taux élevé (lymphocytose) ou bas (lymphopénie) peut orienter vers certaines pathologies et nécessite souvent des examens complémentaires.

Un taux de leucocytes (globules blancs totaux) supérieur à 11 000/mm3 est considéré comme une hyperleucocytose. Il est inquiétant et doit être exploré s’il persiste dans le temps, s’il est très élevé ou s’il s’accompagne d’autres signes comme de la fièvre.

Une augmentation isolée des lymphocytes (lymphocytose) est le plus souvent asymptomatique. Parfois elle peut s’intégrer dans un tableau comportant de la fièvre, une fatigue, un gonflement des ganglions si elle est liée à une maladie sous-jacente.

La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est parfois appelée «leucémie des personnes âgées» car l’âge médian au diagnostic est de 70 ans. C’est un cancer des lymphocytes qui évolue lentement, avec des lymphocytes qui s’accumulent dans le sang, la moelle osseuse et les ganglions.

Lors d’un stress intense (effort physique, crise d’épilepsie, infarctus…), une quantité importante de lymphocytes peut être libérée dans le sang, entraînant une lymphocytose transitoire appelée lymphocytose de stress. Elle se normalise en quelques heures ou jours.

Le taux normal de lymphocytes se situe entre 1000 et 4000 par mm3. Il peut varier légèrement selon les laboratoires. Chez l’enfant, les valeurs de références sont plus élevées.

Un taux de leucocytes élevé isolé ne donne pas de fatigue. En revanche, la fatigue peut être un symptôme de la maladie sous-jacente qui a causé cette augmentation de leucocytes (infections, cancers, maladies inflammatoires…).

Les lymphocytes sont des globules blancs. Ils jouent un rôle clé dans l’immunité en permettant la reconnaissance spécifique des agents infectieux et le déclenchement de la réponse immunitaire adaptée. Il existe différents types de lymphocytes (B, T, NK).

Une augmentation combinée des lymphocytes et des monocytes peut être observée dans certaines infections virales (mononucléose, CMV, HIV), dans des maladies auto-immunes ou plus rarement dans certaines hémopathies. Des examens complémentaires sont alors nécessaires.

Une augmentation du nombre de lymphocytes (lymphocytose) signifie que leur quantité dans le sang dépasse la valeur normale supérieure. Cela traduit la plupart du temps une infection virale, plus rarement une maladie auto-immune ou un cancer du sang.

De nombreuses infections, surtout bactériennes, font monter les globules blancs par stimulation de la moelle osseuse. C’est le cas par exemple des infections urinaires, pulmonaires, ORL… Une hyperleucocytose est donc un bon marqueur d’infection.

Un stress aigu et intense (effort physique, crise d’épilepsie…) peut provoquer une augmentation transitoire des leucocytes et surtout des lymphocytes (lymphocytose de stress). Elle se normalise rapidement. Un stress chronique n’augmente pas les leucocytes.

On ne soigne pas directement les lymphocytes mais on traite, si nécessaire, la maladie responsable de leur augmentation. Le taux de lymphocytes se normalisera parallèlement à cette prise en charge (antiviraux, chimiothérapie, immunosuppresseurs…).

Il n’y a pas de taux de leucocytes spécifique permettant de diagnostiquer un cancer. Certains cancers du sang comme les leucémies peuvent donner une hyperleucocytose importante, mais un taux normal n’élimine pas un cancer. Le contexte clinique est primordial.

L’association d’une CRP élevée (protéine inflammatoire) et d’une hyperleucocytose (globules blancs élevés) est un bon marqueur d’infection bactérienne. Cela peut aussi se voir dans certaines maladies inflammatoires sévères. Un bilan complémentaire est nécessaire.

Peu de médicaments font augmenter spécifiquement les lymphocytes. On peut citer certains antiépileptiques comme la phénytoïne, des immunosuppresseurs comme les corticoïdes à fortes doses, ou des facteurs de croissance hématopoïétiques.